Dès 1845, Hono Heke, un des premiers signataires du traité de Waitangi, avait envoyé ces mots au nouveau gouverneur, George Grey : "Dieu a créé ce pays pour nous. Il ne peut pas être découpé... Retournez dans votre pays, que Dieu a créé pour vous, Dieu a créé celui-ci pour nous; aucun étranger ou nation extérieure n'a le droit d'interférer avec ce pays sacré."

Trop organisés pour leur bien ?

Dans les années 1850, de nombreux chefs Maoris voyaient dans la vente des terres une menace directe pour la subsistance culturelle de leurs tribus. Ils proposèrent une stratégie d'unification sous la tutelle d'un roi Maori. Le raisonnement était que la force des colons venait de leur unité, et de la protection de la loi dont ils bénéficiaient. En mettant en place un système similaire, les Maoris seraient sur un pied d'égalité avec les colons. Ils couronnèrent Te Wherowhero en 1858, qui prit le nom de Potatau. Pour les Maoris, le roi Maori et la reine d'Angleterre pouvaient régner ensemble sur le pays, et dans la grâce de Dieu.


Potatau et deux autres chefs, 1847, George Anglas (merci NZhistory.net)


Les colons ne l'ont pas bien pris du tout. Pour la majorité, c'était un affront à l'autorité en place, qu'il fallait réprimer avant que cette philosophie ne prenne pied. Le gouverneur fit venir des troupes d'Australie, et employa des mercenaires et autres milices, en plus des services de certaines tribus (iwi) et sous-tribus (hapu) pour "apprendre aux Maori une leçon sur qui règne dans ce pays".

Indépendemment, d'autres mouvements ont vu le jour, qui s'opposaient aux ventes de terre. Wiremu Kingi dans le Taranaki du sud en 1860 puis 1863, puis Pai Marire en 1864, à l'origine un mouvement religieux pacifiste. Te Kooti Arikirangi Te Turuki prit les armes dans l'est du pays en 1868. A l'origine un soldat du gouvernement, il fut accusé d'aider l'ennemi. Exilé sans procès, il détourna le bâteau, fonda une religion, mena une campagne de guerilla... Il mérite un article à lui tout seul ! A nouveau dans le Taranaki, on trouve Riwha Titokowaru qui résista à partir de 1868.


Les différents drapeaux de Pai Marire (merci Te Ara et Te Papa)


Ce chapitre de l'histoire de la Nouvelle Zélande est plus ou moins une guerre civile, appelée New Zealand Wars. Des tribus étaient divisées entre ceux qui aidaient le gouvernement et ceux qui aidaient la résistance. Cela s'est terminé globalement mal pour les Maoris. Plus les années passèrent, et plus les tactiques des blancs devenaient brutales, pour se finir à la fin des années 1860 en campagnes de terres brûlées, mise à sac de villages entiers, massacres de femmes, enfants et vieillards, et exil forcé.

Après la guerre


Pour finir, les autorités confisquèrent des millions d'hectares une fois le conflit fini. C'est là que tout n'est pas blanc comme neige.

Les terres saisies en priorité étaient celles propices à l'agriculture. Dans certains cas, elles appartenaient aux tribus alliées avec le gouvernement, et pas forcément celles des rebelles.

NZ-wars-land-grabs.jpg
Les terres confisquées suite aux guerres des années 1860.
Voir la version zoomable sur Te Ara


Du coup, au final, la situation s'est finie ainsi :

  • certaines tribus avaient perdu leur mana et moyens de subsistance parce qu'ils avaient perdu la guerre
  • d'autres parce que leur terres avaient été confisquées pour les mauvaises raisons
  • d'autres pour cause de vente fallacieuse de terres
  • une minorité comme Te Arawa, Ngati Porou et Ngati Kahungunu eurent leurs services reconnus par l'Etat et furent protégés dans une certaine mesure.

Passage de la loi autorisant la confiscation des terres

Mais ce n'était pas encore la fin des tourments...