Je ne sais pas si vous avez entendu parler de l'arrestation de Kim Dotcom, le fondateur de www.megaupload.com, un gros site mondial de téléchargement.

Kim Dotcom, dont le nom original est Kim Schmitz, est un personnage un peu douteux. Croisement entre un vrai faux hacker et un faux vrai criminel à col blanc, doublé d'un ego proportionnel à sa taille (longitudinale et transversale), notre ami Kim aime se faire remarquer, par example en fêtant l'obtention de sa résidence néo-zélandaise en payant un feu d'artifice de 400 000 euros.


Kim Dotcom (merci fastcompany.com)

À l'origine, l'affaire est assez simple et relativement du déjà-vu (nanard, si tu nous regardes...) : sur pression américaine, la police néo-zélandaise a arrêté Kim Dotcom pour des charges reliées à la copie de contenu protégé par le droit d'auteur sur très grande échelle. En effet, megaupload était un site web sur lequel les utilisateurs peuvent déposer et télécharger des fichiers. Il paraît étrange d'accuser les fondateurs du site web de copie alors qu'il ne font que mettre à disposition un service d'upload/download. Il y a clairement eu des fichiers protégés qui sont passés via megaupload mais l'auteur de l'infraction est tout aussi clairement la personne ayant copié le fichier sur megaupload, pas les fondateurs du site. Malheureusement, on sait que l'internet a beaucoup évolué dans ses débuts et que l'on est dans une époque où le mercantilisme l'emporte sur le bon sens. Les fondateurs du sites sont accusés d'avoir faciliter l'usage de leur site à des fins illicites en toute connaissance de cause.

Pour continuer cette logique douteuse, le site de megaupload a été fermé et, tous les utilisateurs étant présumés coupables, personne n'a été autorisé à récupérer ses fichiers personnels. Évidemment, cela crée de petits ennuis pour les utilisateurs qui se servaient du site de façon légale pour copier des fichiers personnels (photos, vidéos, fichiers word ou excel, etc...). Mais le FBI, la RIAA et le MPAA s'en foutent.

Pour en revenir à Kim Dotcom, son arrestation est le parfait exemple du manque de bon sens dans tout cette histoire. Kim Dotcom est un informaticien obèse... Il aurait été trop simple de lui envoyer deux policiers et une unité technologique pour récupérer les ordinateurs. Non, à la place, on préfère envoyer une unité d'élite (type RAID ou GIGN) : 80 policiers et un hélicoptère !!!!


La maison à 25 millions qui s'est fait prendre d'assaut (merci celebritynetworth.com)

Quoi qu'il en soit, le mandat de perquisition a été jugé trop vague et donc toutes les informations saisies ont été déclarées illégales. La police néo-zélandaise a aussi donné les disques durs saisis au FBI pour qu'ils les copient, ce qui contrevient aux lois d'extradition. Mais quand on est dans la ligne de mire de l'oncle Sam, on ne s'en tire pas aussi facilement et donc Kim Dotcom est toujours en attente de décision sur son extradition, alors que les Américains ne veulent pas montrer leurs preuves et les preuves néo-zélandaises sont invalidées... Vous avez dit rocambolesque ?

L'histoire devient complètement abracadabrantesque quand la politique s'en mêle. Kim Dotcom a un passé légal non négligeable et a obtenu sa résidence avec un visa spécial pour les très gros investisseurs (en dollars, pas en masse). Il est plus tard apparu que Dotcom avait fait une donation de 50 000 dollars pour la campagne municipale de l'ancien maire d'Auckland, John Banks. Le problème ? La donation était coupée en deux pour passer sous les limites où il est possible de donner la donation de façon anonyme... John Banks étant membre du parti politique ACT qui fait partie de la majorité au pouvoir, cette histoire a été plutôt mal vue et a éclaboussé John Key, le premier ministre.

Mais, il y a encore plus incroyable ! Pour préparer l'arrestation de Dotcom, la police a demandé au GCSB (nos espions locaux) de l'espionner. Le GCSB s'est exécuté au plus vite mais n'avait aucun droit de faire cela : cet organisme ne peut pas espionner les résidents néo-zélandais. Un grand scandale entoure cette histoire car il était impossible que le GCSB ne sache pas que Dotcom était résident : il avait fêté sa résidence avec John Banks en payant un feu d'artifice à Auckland ! Et ceci boucle la boucle...


Merci Frankly Speaking


Cerise sur le gâteau, John Key revient tout juste d'une visite de quatre jours pour aller draguer les pontes d'Hollywood....

Si l'histoire apparaît sans queue ni tête, c'est un peu normal : c'est le cas. J'ai essayé de mettre tous les morceaux ensemble, mais il n'est pas impossible que j'aie manqué certaines choses ou mal interprété d'autres. De tout façon, il y a des rebondissements assez régulièrement donc je pense que c'est loin d'être fini. Pour un peu plus de détails si certaines choses vous paraissent incompréhensibles, je vous encourage très fortement à aller voir le très bon article de Wikipedia.

Personnellement, je trouve que l'histoire montre à quel point les États Unis tiennent les autres pays par les couilles et peuvent les forcer à faire n'importe quoi sans aucune raison valable. Vous pensez que cela ne peut pas arriver en France ? La loi HADOPI contient la rispote graduée, un déni total de la présomption d'innocence et a été, au moins figurativement, écrite par les consortiums américains de l'industrie du film. Comment je le sais ? Le président de l'époque était fier de son surnom de l'"Américain" et admirait Bush, un des moins admirables présidents américains de tous les temps.