Les élections arrivent à grand pas! C'est le 8 novembre...
Il est donc grand temps de se pencher sur les partis en présence et leurs têtes de proue.

Les perdants

Honneur aux petits qui n'ont pratiquement aucune chance de pencher dans la balance et pour lesquels rien qu'un siège tiendrait du miracle :

  • Alliance : un parti démocratique socialiste voulant que tout le monde soit bien payé et ait du logement et de l'énergie pas chers et de l'école et de la sécurité sociale gratuites.
  • Aotearoa Legalise Cannabis Party : pas besoin de développer j'imagine...
  • Democrats for social credit : un parti social démocrate pour une refonte du système économique et la promotion de l'entreprenariat
  • The Family Party : le parti chrétien de la famille, le résultat d'une refonte du défunt Destiny Party, financé par Destiny Church, une église à l'américaine.
  • Kiwi Party : un parti chrétien démocrate formé après une séparation de United Future
  • Libertarianz : parti promouvant la libéralisation à l'extrême, tant dans l'économie, que dans le social
  • New Zealand Pacific Party: un parti chrétien formé par un ancien du Labour... Aucune information supplémentaire trouvable...
  • RAM – Residents Action Movement : le parti du tout gratuit pour la famille et pour la disparition de la TVA
  • The Bill And Ben Party : 2 présentateurs d'une émission totalement délirante qui se tapent un trip à la Coluche, la crédibilité en moins
  • The Republic of New Zealand Party : libérons-nous de l'influence de cette satanée reine (voir premier billet de cette saga) !
  • Workers Party : Travailleurs, travailleuses, on vous ment, on vous spolie !

Les négociateurs

Intéressons-nous ici aux partis qui feront peut être pencher la balance dans les négociations pour désigner le Prime Minister, et qui auront donc une partie de leur revendications prises en compte dans le nouveau gouvernement.

  • ACT New Zealand : parti de droite à fond sur la chasse aux déliquants et la sécurité, tellement à droite que National ne s'alliera pas avec eux s'ils demandent un poste de ministre pour leur chef. Ne nous enflammons pas, c'est beaucoup plus light que l'extrême droite de chez nous. Cela ressemblerait même presque à du RPR. C'est juste que l'échiquier politique est plus recentré ici.
  • Green Party : nos amis les verts, en coopération avec le Labour, ce qui devrait continuer
  • Jim Anderton's Progressive : parti de gauche dont on entend pas trop parler, actuellement en coalition avec Labour
  • Maori Party : Le parti représentant les... Maoris. Ils veulent être perçus comme le parti de tous les Néo-Zélandais, mais c'est pas franchement évident en regardant ce qu'ils veulent faire, voire juste en regardant leur clip de campagne. Le but du parti Maori est de profiter le plus possible de la MMP sauce néo-zélandaise (voir partie 2 de cette saga !) et de récupérer tous les sièges de la liste Maori, alors même qu'ils sont estimés à 2% en tant que Party Vote. Tariana Turia raconte à qui veut bien l'entendre qu'ils pourraient envisager de s'allier avec National suivant ce que les conseils tribaux leur disent, mais cela paraît très improbable, la majeure partie de leur électorat étant pro Labour.
  • New Zealand First : le parti de Winston Peters, parti de gauche avec des politiques principalement tournées vers nos amis les seniors, mais pas que. Winston Peters a réussi à décrocher une place de ministre des affaires étrangères et de la course (2 portefeuilles très différents...) dans le dernier gouvernement, mais a dû démissioner après un scandale à propos d'argent donné par Glenn le millionnaire, dont il a été lavé après coup. Il y a quand même de beaux relents dans cette affaire sachant que Winston Peters avait poussé pour une place d'ambassadeur à Monaco pour Owen Glenn après avoir reçu 100 000 dollars de ce même millionnaire. M'enfin, c'est légal... enfin il paraît. Plus de détail sur cette affaire abracadabrantesque aux liens suivants :

Petit détail pour finir de cerner le personnage... Il a aussi reçu 150 000 dollars de donations de la famille Vela, une famille importante du domaine de la course (son 2ème portefeuille)...

  • United Future : parti du centre formé par d'anciens députés Labour et National, en accord avec le Labour dans le gouvernement actuel (leur chef Peter Dunne est ministre). Ce parti est en perte de vitesse.

Les gagnants

Les deux gros partis sont le National et le Labour. Les deux partis sont très centristes au point d'avoir beaucoup de propositions similaires, mais font un peu l'élastique pour pouvoir s'adjuger la coopération d'autres partis du même bord. Même si le découpage des partis semble indiquer que tous les partis sont de gauche, cela n'augure en rien du résultat des élections... Se désunir semblant être une constante internationale de la gauche.

Labour :
parti de centre gauche dirigé par Helen Clark. Helen Clark est au pouvoir depuis 1993, donc "forcément", les gens veulent du changement. Il n'est pas rare d'entendre des gens énoncer ce besoin de changement comme leur seul argument pour voter National. Il n'est pas très rare non plus d'entendre des gens dire qu'ils ne voteront pas parce que les deux candidats sont trop similaires et qu'ils se foutent que ce soit l'un ou l'autre. Le Labour n'a pas d'ambition type vrai faux changement à la Sarkozy mais propose plus ou moins de continuer sur sa lancée. Les avancées majeures des différents gouvernement de Clark concernent principalement le social :

  • introduction de l'équivalent des allocations familiales
  • réévaluations fréquentes du salaire minimum
  • longs congés payés parentaux
  • prêts à taux zéro pour les étudiants
  • équivalent d'un PACS
  • baisse du chômage
  • ajout d'une semaine de congés payés

Ce bilan a l'air somme toute pas mal, enfin au moins vu de l'extérieur. Une particularité de ce gouvernement de gauche est que la dette publique est passée de 30% du PIB à... 20% ! Que demande le peuple ! Il y a certainement d'autres points que j'ai dû oublier mais globalement, je n'ai entendu personne critiquer le bilan de Clark. Le seul problème majeur actuellement est que les Kiwis s'enfuient en masse en Australie pour gagner plus d'argent. Mais l'Australie a plus d'arguments en terme de taille et surtout en termes miniers, ce qui explique en grande partie la différence entre les deux pays.

Mais bon voilà, le ras-le-bol de voir sa tête et sa campagne dirigée avec l'élan et la fougue d'un gastéropode faisant la sieste sur la plage en buvant une bière risquent de lui coûter sa place. Son seul salut passera par sa faculté à former des alliances (tous ses gouvernements ont été des coalitions) dans l'éventualité où les petits partis récoltent suffisamment de votes.

National :
parti de centre droit dirigé par John Key. John Key est à la tête du parti National depuis deux ans. Il semblerait qu'après maintes défaites, National ait compris que la meilleure tactique pour renverser Clark est de jouer la carte du changement. Les faits que Don Brash, le précédent leader, ait été un personnage controversé et qu'un livre controversé le concernant allait sortir ont beaucoup aidé à sa démission et à la nomination de Key.

Monsieur Key n'attaque pas vraiment Helen Clark dans une campagne qualifiée au mieux de soporifique (pour les deux partis) par les observateurs politiques. Certains évoquent un “agenda secret” du National une fois qu'ils seront au pouvoir. En effet, certaines fuites ont montré des personnages importants de la campagne de Key parlant de privatisation de KiwiBank (la banque néo-zélandaise fondée sous Clark en 2002 pour concurrencer les banques hésitantes... Toutes australiennes !), de KiwiRail (l'équivalent de la SNCF) ou d'abolir les sièges Maoris. Toutes ces fuites ont bien évidemment été réfutées et les responsables remerciés... A voir quand il sera premier ministre...

John Key est un ancien trader financier sur les marchés monétaires, ce qui le qualifie selon lui à diriger la Nouvelle Zélande en ces temps de récession mondiale. Personne, pas même Clark, n'a fait le lien en public, avec le fait que cette crise est en partie due à la spéculation des traders. John Key ne veut pas que la Nouvelle Zélande reste un leader de l'environnement au niveau mondial. Ce genre de position apporte un bon soutien des agriculteurs qui sont les plus pénalisés par les mesures pour lutter contre l'émission de gaz à effets de serre (à cause du caca de mouton et de vache). John Key veut construire une nouvelle usine de production électrique... à charbon ! Et John Key veut aussi enlever la participation des entreprises au programme national de retraite (un système individuel dans lequel l'entreprise et l'Etat contribuent à l'épargne de l'employé, si celui épargne). John Key a des propositions intéressantes dans l'éducation. Mr Key était favorable à la guerre en Iraq, en son temps.

Bon, je viens de me rendre compte ce soir après avoir vu les deux débats entre les leaders, et écrit la partie sur “les gagnants”, que la balance de l'information que je perçois est totalement en défaveur de Key. Je pense avoir abordé le problème de façon objective, au moins c'était l'objectif de départ, ne connaissant aucun parti et aucun leaders de la politique avant de commencer cette saga. Bon d'accord, je connaissais Key et Clark, mais je ne savais rien en terme de programme ou de bilan sur aucun des deux. J'ai peut-être/certainement loupé de l'information quelque part, mais j'ai du mal à comprendre comment la balance penche tellement en faveur de Key dans les sondages (plus de 50% !).

Pour ceux qui ont bien suivi la partie 2, plus de 50% de Party Vote ne signifie pas pour autant que National est certain de gouverner. En effet, si le parti Maori gagne les 7 sièges de la liste Maori et a un petit pourcentage de partie vote (2% aux dernières estimations), le nombre de sièges supplémentaires dûs à la MMP peut signifier qu'une coalition menée par la Labour a la majorité. Quoiqu'il en soit, il est très probable que National forme le prochain gouvernement et il est même très possible qu'il le forme seul (sans coalition avec ACT ou United Future). On verra bien...

A samedi !

Références
Pourquoi John Key devrait être Premier Ministre
Pourquoi Helen Clark devrait être Premier Ministre
Parlement Actuel
Matrice détaillée de coalition entre partis (sur chaque loi ! on devrait avoir la même chose en France)
Sondages mois par mois
N pages de wikipedia