Je continue ma saga commencée l'année dernière. Le dernier épisode étant en Juillet, voilà les liens pour ceux qui veulent se rafraîchir la mémoire : Pt 1 | Pt 2 | Pt 3 | Pt 4

On atteint la deuxième moitié du 19ème siècle. Suite aux guerres de Nouvelle Zélande, les confiscations de terre laissent les tribus du Waikato, Tūhoe, et Taranaki dans des conditions très précaires. Les tribus alliées des blancs se débrouillent encore relativement bien, mais d'autres menaces arrivent.

La politique d'immigration du gouvernement bat de son plein. En 1881, on atteint 470 000 Pākehā (immigrés non Māoris). Le contact avec les blancs, le manque de défenses contre les maladies européennes, et des conditions d'hygiène peu propices mettent une claque à la population Māorie : 56 000 en 1857, et 42 000 en 1897.


Funérailles à Ruatapu, Ile du Sud (Te Ara)


Pendant ce temps-là, à peu près partout

Pour arriver à loger tous ces migrants, le gouvernement continue sa politique d'appropriation terrienne à grande échelle. Entre 1840 et 1865, la couronne achète les 2/3 de la Nouvelle Zélande.

1865 voit un changement de loi : le gouvernement arrête d'acheter des terres et met en place la Native Land Court, dont le but est de faciliter l'achat de terres par des propriétaires privés grâce à l'identification des propriétaires Māoris. Les évaluations sont faites par des Māoris. Les tribus y participent activement et de leur plein gré. Cela leur permet de par exemple :

  • aquérir des fonds pour payer des dettes ou mieux accueillir leurs visiteurs
  • résoudre des rivalités et conflits familiaux
  • assouvir des vengeances (utu) ancestrales


Session de la Native Land Court à Apihara


Petit détail tortueux : la loi prévoit un maximum de 10 propriétaires pour chaque terre. Pour une culture où la propriété était forcément collective et tribale, il y a de quoi laisser beaucoup de gens amers et peu satisfaits.

>> Plus d'informations sur la Native Land Court (Te Ara) <<

En 1891, les Māoris ne "possèdent" plus que 17% de la Nouvelle Zélande.


Proportion des terres Māories de 1860 à 1939 (Te Ara)


La voie de la Pākehā-isation

En 1867, 4 sièges sont créés au parlement pour les Māoris, plus pour le geste qu'autre chose vu que les premiers MP (Membres du Parlement) Māoris ne parlent pas Anglais ! La fin des années 1890 voit une prise de conscience par les Māoris que leur seul recours face aux Pākehā est de se Pākehā-iser. Combattre le système de l'intérieur, en quelque sorte.


James Carroll, MP en 1887 et Ministre des Affaires Natives en 1899 (Te Ara)


James Carroll et Apirana Ngata sont deux figures clés de cette période. Ils encouragent notamment les Māoris à :

  • Adopter des standards d'hygiène européens
  • Abolir les tohunga, experts en agriculture et médecine traditionnelle (entre autres)
  • Adopter les technologies européennnes
  • Participer à l'effort de guerre pendant la première guerre mondiale
  • Ne pas perdre leur culture et continuer à pratiquer leurs activités traditionnelles comme la sculpture, la danse, ou le haka


Apirana Turupa Ngata vers 1905


Ceci n'arrête pas le transfert de terres. Entre 1912 et 1928, les terres Māories sont encore divisées par 2, et un tiers est soit inutilisable (montagnes), soit loué à des Pākehā.

Pour encore ajouter à l'amertume générale, au retour de la première guerre mondiale, les soldats Pākehā reçoivent des terres de l'Etat pour se refaire une vie, mais pas les soldats Māoris.

Même si légalement les différences sont estompées dans les années 30, le mécontentement n'est pas loin à l'approche de la seconde guerre mondiale...