The good Ol' days
Tout commença... en Australie. Au tout début du 19è siècle, les quelques peaux de cul de mouton délivrées par les colons étaient coupées à la salaud, et envoyées en Australie pour se faire traiter. Le nombre de moutons augmentant, il a bien fallu prendre des mesures, et on a importé des tondeurs Australiens pour s'en occuper. Ils formèrent quelques Kiwis au passage, et vers 1850, la Nouvelle Zélande a enfin eu ses propres tondeurs à elle.
Shearing the Rams by Tom Roberts, 1890
Merci Wikipedia :)
Dès cette époque, les Maoris ont démontré qu'ils étaient forts, rapides et précis. La tonte était alors assurée avec des ciseaux. C'était long, fastidieux, et les meilleurs tondeurs rêvaient de battre le record de 79 moutons en un jour (enregistré en 1856). Tout ça se passait aussi pendant l'été, dans des hangars en métal sans air... Bref, les syndicats de tondeurs sont apparus dès les années 1870.
Tondeurs avec des ciseaux, merci Te Ara
C'est beau, le progrès
Grâce à tout ça, au long des années, les conditions ont changé. De nouvelles techniques de tonte ont été développées à force de petites améliorations. Les éleveurs ont aussi remarqué que changer de marque de mouton avait une influence sur la rapidité de tonte. Puis vint la machine.
Pub pour une des premières machines, merci Te Ara :)
Non seulement la machine coupe la laine plus vite et plus facilement, mais elle permet aussi de couper plus ras sur le mouton, et de récupérer plus de bonne laine. C'est grâce à ça que vers 1900, le nombre de moutons tondus dans une journée a déjà largement dépassé les 300.
Un champion de l'époque : Ihakara Te Tuku Robin, merci DBNZ / Te Ara
Appelez-les Dieu
Puis vinrent les frères Bowen. Après avoir observé des tondeurs dans toute la Nouvelle Zélande, ils mirent au point une nouvelle technique de tonte en 55 coups de rasoir, qui allait révolutionner l'industrie. Elle rend la tonte plus rapide, réduit l'effort pour le tondeur, améliore encore une fois la qualité de la laine tondue... En somme, c'est bien pour le tondeur, c'est bien pour le mouton, c'est bien pour la laine, c'est bien pour tout le monde.
La technique Bowen en vidéo
Ivan Bowen aux premiers Golden Shears (1961) en vidéo
Mais parlons un peu plus de Walter Godfrey Bowen. Après tous ces bienfaits, il a aussi :
- Reçu l'Etoile de Lénine des mains de Nikita Khrouchtchev
- Fondé les Golden Shears de Masterton
- Fondé l'Agrodome à Rotorua
- Mis en place des cursus universitaires sur la tonte aux universités de Massey et Canterbury
- Eté consultant international en tondage
Biographie de Godfrey Bowen sur nzhistory.net
Bref, son autre nom, c'est forcément Dieu.
Le Dieu d'aujourd'hui
Avec une technique inspirée de celle des frères Bowen, un mouton moderne se fait tondre en moins de 50 mouvements. Et le dieu vivant s'appelle aujourd'hui David Fagan, quintuple champion du Monde, et dont je vous ai déjà parlé. Le nombre de moutons tondus en une journée par les brutasses tourne autour de 700 en vitesse de croisière, et 900 en mode compétition.
David Fagan aux championnats 2010, Te Kuiti
Mais encore aujourd'hui, près d'un million de moutons se font tondre aux ciseaux. C'est principalement là oùsqu'il fait froid : ça laisse une bonne couche de laine sur le mouton, et lui évite de grelotter.
Taux d'utilisation des ciseaux en montagne
La technique de demain ?
Le mal de dos est un problème récurrent chez les tondeurs. C'est pas plus étonnant que ça : ils passent leur journée pliés en deux au dessus d'un mouton. Beaucoup utilisent des harnais, ce qui aide un peu, mais ne résoud pas le problème. Du coup, les chercheurs se sont mis en quête d'une technique de tonte où le tondeur peut rester debout.
Le ShearEzy en action, merci AWI
Il reste à démocratiser le machin, mais ça a l'air plutôt drôle comme système :)
Mouton en train de se faire retourner, merci PHI
La vidéo de l'inventeur du ShearEzy
Et les moutons dans tout ça ?
Ils n'en pensent pas moins.